Lucide sur sa chute annoncée, François Bayrou, jusqu’au bout, aura été persuadé d’avoir bien fait de solliciter la confiance. Une décision mûrie en secret durant tout l’été avec le président de la République… “Marianne” a recueilli ses confidences.
«Qu’allez-vous faire maintenant, François ? », lui a demandé un proche à la veille du vote de confiance. La réponse a fusé, immédiate, comme une grande exclamation : « De la politique ! » François Bayrou, même au bord du précipice, ne lâche rien. « Il ne vous a pas échappé que j’étais aussi chef de parti ! », glisse-t-il à Marianne. Il a prévu de reprendre le dossard du MoDem et de ne pas raccrocher les gants. Pas question donc, malgré ce vote de rejet, malgré cette courbe d’impopularité qui le place au niveau d’une Édith Cresson, de prendre le chemin de Pau, honteux et confus, comme le corbeau de La Fontaine après la perte de son fromage. Non, François Bayrou, malgré le clap de fin de ces neuf mois à Matignon, guillotiné par la défiance des parlementaires, jure qu’il ne détellera pas sa charrue. « J’ai pris date avec les Français », martèle-t-il depuis quinze jours à chaque visiteur, l’air tranquille de ceux qui se rassurent en se répétant qu’ils en ont « vu d’autres ». Ne jamais rien lâcher. Ne jamais dévier. Ne jamais rien regretter. Bravache jusqu’au bout…
Par Laurent ValdiguiŽ