Erik Satie, Ecrits réunis par Ornella Volta. Ivrea, 400 p., 32 €. Erik Satie de A à Z. par Karol Beffa. Flammarion, 258 p., 20 €.
Les Ecrits d'Erik Satie, publiés en 1977 par Ornella Volta aux éditions Champ Libre puis ressortis en 1981 dans une nouvelle version augmentée (celle que réédite aujourd'hui Ivrea), se partagent en deux catégories. Il y a d'une part tout ce que le compositeur destina « aux autres » : articles publiés, quelquefois sous couvert d'un pseudonyme, dans les journaux, revues ou catalogues, « causeries » (farcies de points de suspension pour mieux confondre les pauses et les poses de l'orateur) mais aussi quantité d'aphorismes, de boutades dont Satie noircissait carnets ou morceaux de papier. Certains étaient de son invention et « essayés » sur ses amis, d'autres furent simplement attrapés au vol dans un bistrot ou entendus dans la rue : une réserve de bons mots dans laquelle il puisait pour les articles précités. Un second ensemble concerne les écrits « pour soi seul », conservés dans le secret de sa chambre. A côté de réflexions notées en marge de certaines partitions, on découvrit après sa mort - ici reprographiés sur une cinquante de pages - quantité de faux prospectus calligraphiés et de dessins en tous genres : gisants, châteaux et maisons « en fonte », enseignes, bateaux à cinq mâts, dirigeables « en cuivre », autoportraits désabusés de « M Sadi » mais aussi, comme un souvenir amoureux, le visage, bien peigné, de Suzanne Valadon.
François Laurent