Le Point - «Incel»

Début juillet, un lycéen de 18 ans a été arrêté près de Saint-Étienne, couteaux en poche, prêt à les planter dans des femmes jugées coupables de l’injustice suprême : son célibat. Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’affaire – une première en France pour un dossier motivé par l’idéologie incel. Il fallait bien qu’un délire numérique finisse par réclamer sa part de sang. Incel. Cinq lettres coincées entre le constat clinique et la posture victi-maire, où l’échec sentimental se mue en identité. Au départ, la neutralité d’un mot-valise – involuntary celibate (célibataire involontaire) – désignant le chaste contre son gré. Né en 1997 sur le site d’une Canadienne, l’« Alana’s Involuntary Celibacy Project », le terme entendait fédérer les hommes et les femmes souffrant de solitude. Mais notre époque a le goût de la dramaturgie. Au tournant des années 2010, la communauté incel s’est radicalisée et a fait du vocabulaire sa bannière.

PEGGY SASTRE