Marie Claire - La galère des femmes en zone rurale

Enquête Isolement géographique, pénurie de spécialistes, peur du qu'en-dira-t-on, freins culturels et financiers : à la campagne, consulter un psy relève souvent du parcours du combattant. Comme le suggèrent nos témoignages.

« Ce qu'a fait Nicolas Demorand est génial, mais à la campagne, tout le monde est le cousin de quelqu'un, c'est impossible, je flippe du jugement », nous confie Léonie(1), qui habite dans la Somme. Dans Intérieur nuit(2), paru ce printemps, le journaliste de France Inter a révélé au grand public sa bipolarité, le secret qu'il taisait depuis plus de vingt ans, et dit en direct à la radio : « Je suis un malade mental. » « Imaginez un peu les réactions si je me présentais de la sorte », s'amuse cette femme de 43 ans : « Bonjour, Léonie, conseillère municipale et bipolaire ! J'aurais bien trop peur que mes paroles et mes actions soient décrédibili­sées, réduites à “de toute façon elle est tarée”, d'au­tant que j'ai un tempérament un peu grande gueule. » Alors, comme nombre de femmes souffrant d'une maladie psychiatrique, Léonie la cache.

Par Laure MARCHAND Illustrations Evgeniya MANKO