Pourquoi Un amour infini nous transporte.
Au bar d’un hôtel de Tenerife, aux Canaries, un homme est assis, une femme le rejoint. Ils ne se connaissent pas, et leur rencontre ne devait pas se dérouler ainsi. Pierre, le mari de Louise et ancien élève de Nathan, aurait dû les présenter l’un à l’autre, il avait tout organisé, mais un drame l’avait obligé à quitter l’île précipitamment. En mission, Nathan étudie l’intérêt de la construction d’un observatoire astronomique américain sur l’île. Louise n’avait jamais voyagé hors de France ni été séparée de ses trois filles. En ce mois de juin 1964, une parenthèse s’ouvre dans leur vie, dans laquelle la plume de Ghislaine Dunant (Prix Fémina essai 2016 pour sa biographie de Charlotte Delbo), qui excelle dans l’art de ralentir le temps, nous installe. Des pentes volcaniques du Teide aux ruelles de La Laguna, Louise et Nathan sillonnent l’île, se racontent l’un à l’autre. S’ils ferment pour quelques jours la porte aux souvenirs, ils ont tous deux conscience de vivre un moment suspendu, éphémère, qui ne les dérobera pas à leur existence respective mais aura légèrement modifié leur trajectoire, comme l’attraction entre deux astres infléchit leur mouvement céleste.
PAR LAËTITIA FAVRO